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Cinq façons d’investir de manière flexible en ces temps incertains

Source: L’Echo 18/09/2019

Aujourd’hui, un simple tweet du président Donald Trump suffit pour perturber les marchés. Ces fluctuations offrent pourtant des opportunités aux fonds mixtes suffisamment flexibles pour en tirer parti. 
Les fonds mixtes, qui investissent aussi bien en actions qu’en obligations, sont populaires en Belgique. Selon les derniers chiffres (mars 2019) de la fédération du secteur, la Beama, ils représentent 94 milliards d’euros d’actifs sous gestion, soit 50% du marché belge des fonds.

Ces fonds mixtes sont disponibles sous de nombreuses formes. Certains gestionnaires préfèrent cependant parler de fonds multi-actifs (“multi-assets”) car ils investissent également dans d’autres actifs que les actions et les obligations, comme l’immobilier, les infrastructures ou les matières premières.

Les fonds mixtes étant très diversifiés, leurs profils de risque peuvent varier sensiblement. Aussi sont-ils répartis en quatre catégories. Le niveau de risque est généralement déterminé sur la base du pourcentage d’actions détenu dans le portefeuille. Les fonds défensifs n’investissent pas plus de 40% en actions, contre un minimum de 65% pour les fonds dynamiques. Entre ces deux extrêmes, on trouve les fonds neutres. Il s’agit de fonds qui, dans un marché neutre, investissent plus ou moins 50% en actions.

Reste la quatrième catégorie: celle des fonds flexibles. Comme leur nom l’indique, ils jouissent d’une très grande liberté dans leur répartition d’actifs. Dans la plupart des fonds flexibles, le pourcentage d’actions peut osciller entre 0 et 100%. Mais cette grande liberté ne se limite pas aux actions. Nous avons analysé ce que le terme “flexibilité” recouvrait pour 10 fonds flexibles disponibles sur le marché belge.

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1. Moduler le pourcentage d’actions

En modifiant le pourcentage d’actions détenues en portefeuille, les fonds flexibles influencent leur niveau de risque. Au début de l’année, le fonds R-Co Valor, de la société de gestion de fonds Rothschild & Co, était encore exposé aux actions à hauteur de 92%, contre 72% aujourd’hui. “Depuis le début de l’année, nous sommes passés à une position plus défensive. Nous avons diminué notre pourcentage d’actions en trois phases. Tout d’abord, nous avons pris notre bénéfice sur plusieurs positions. Nous avons ensuite réduit le poids de toutes nos positions en actions et enfin, nous avons ‘shorté’ l’indice américain S&P500”, explique le gestionnaire Yoann Ignatiew. En “shortant” (vendre à découvert), le gestionnaire spécule donc sur une baisse de l’indice phare américain. Ces cinq dernières années, le pourcentage d’actions du fonds R-Co Valor a oscillé entre 70 et 99%.

Le fonds Morgan Stanley affiche encore davantage de flexibilité. Ces cinq dernières années, le fonds – qui investit dans d’autres fonds de Morgan Stanley – était investi en actions entre 12 et 81%. Aujourd’hui, avec 25% d’actions, il se situe donc plutôt dans la partie inférieure de la fourchette, alors qu’au début de l’année, les actions représentaient encore 47% du portefeuille.

Le gestionnaire pointe surtout la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. “Nous ne pensons pas que la Chine et les Etats-Unis pourront résoudre leurs divergences à court terme, vu leurs désaccords fondamentaux. La récente escalade du conflit confirme que nous avons choisi le bon positionnement”, explique Christian Goldsmith, Executive Director chez Morgan Stanley Investment Management.

Même réaction du côté de BL Global Flexible, de Banque de Luxembourg, qui a considérablement réduit son pourcentage d’actions au cours des huit derniers mois. Au début de l’année, le fonds était encore investi à hauteur de 68% en actions. Fin août, ce pourcentage était retombé à 49%. “Vu les excellents résultats des actions au cours du premier semestre et l’augmentation des incertitudes, nous avons drastiquement réduit la part des actions, même si elles continuent à représenter la majeure partie du portefeuille”, explique le gestionnaire Guy Wagner.

Avec son fonds AXA WF Global Optimal Income, AXA Investment nage à contre-courant. “Malgré les tensions commerciales et les données économiques mitigées, les marchés d’actions sont soutenus par la politique monétaire et les taux bas. Nous avons augmenté notre pourcentage d’actions, via des actions européennes, mais aussi des actions américaines aux modèles d’exploitation ayant fait leurs preuves, explique Erwan Page, d’AXA Investment Managers. Nous avons aussi choisi d’augmenter nos actions cycliques dans la zone euro, car nous estimons que les différences de valorisation avec les autres marchés d’actions sont trop importantes. Nous restons par contre prudents envers les actions américaines”, poursuit-il. Ces cinq dernières années, le fonds d’AXA a misé à fond sur sa flexibilité, avec un minimum de 33% et un maximum de 81% d’actions en portefeuille.

M & G se montre lui aussi positif envers les actions, mais le fonds s’est fixé un pourcentage d’actions entre 20 et 60%, ce qui est inférieur aux autres fonds flexibles. Fin août, M & G Dynamic Allocation était investi en actions à hauteur de 53%. “Il est impossible de faire des prédictions, mais nous pensons que la prochaine surprise cyclique pourrait tendre vers le haut. Il y a déjà beaucoup de pessimisme dans le marché et les valorisations sont basses. C’est pourquoi nous voyons malgré tout des raisons d’être exposés aux actions”, explique le gestionnaire Juan Nevado. Ces cinq dernières années, la part des actions du fonds n’a jamais dépassé 57%.

Il en va tout autrement pour le fonds Multiple Opportunities II de Flossbach von Storch, qui n’a jamais investi moins de 55% en actions au cours des cinq dernières années. Aujourd’hui, il se situe à 62%. “Les taux d’intérêt restent bas, ce qui nous pousse à investir une part importante du portefeuille dans des actifs fiables, en particulier dans des actions de qualité”, explique le gestionnaire Bert Flossbach.

Carmignac Patrimoine maintient son pourcentage d’actions entre 0 et 50%. Conséquence, le fonds ne pourra jamais afficher d’aussi bons résultats dans un marché en hausse qu’un fonds autorisé à investir jusqu’à 100% en actions. Aujourd’hui, les actions représentent 41,7% du portefeuille. “Vu que de nombreuses incertitudes sont déjà intégrées dans les cours, nous continuerons à investir en actions. Mais nous sommes très sélectifs. Nous évitons les actions les plus risquées et celles qui affichent des valorisations élevées, et nous limitons le poids des actions individuelles”, expliquent les gestionnaires Rose Ouhba et David Older.

2. Couvrir le risque

Certains gestionnaires de fonds misent moins sur le pourcentage d’actions et utilisent davantage des techniques de couverture pour limiter leur exposition aux actions. Ils achètent des produits dérivés avec lesquels ils peuvent engranger des bénéfices en cas de recul des marchés boursiers. Vector Flexible, de Vector Asset Management et géré par Werner Smets, investit 90% en actions depuis des années, mais travaille avec des produits dérivés pour réduire le niveau de risque du fonds. Fin août, le fonds était investi en actions à hauteur de 92%, mais son exposition nette ne dépassait pas 47%. Le reste du portefeuille est investi en cash et dans des produits dérivés. Rien en obligations. “Aux taux actuels, nous ne voyons aucune plus-value dans les obligations, nous n’en détenons donc pas. Les choses ne changeront que si les taux remontent à un niveau couvrant l’inflation”, explique Werner Smets.

D’autres gestionnaires, comme Morgan Stanley, pratiquent également une politique de couverture. “Nous travaillons avec des options, pas uniquement à titre de protection, mais aussi pour limiter notre taux de rotation” (ou “turnover”, soit l’achat et la vente de positions dans le fonds, NDLR), explique Christian Goldsmith.

De son côté, M & G utilise des produits dérivés. “Nous pensons qu’il s’agit des meilleurs instruments pour transcrire notre vision macroéconomique dans le fonds de manière efficace, liquide et à faible coût. Nous investissons notamment dans des futures sur des indices d’actions et dans des trackers et futures sur des obligations souveraines”, explique Juan Nevado. Aujourd’hui, le fonds prend par exemple des positions dans les secteurs bancaire, technologique et biotechnologique américains, mais prend en même temps une position “short” sur l’ensemble du marché américain. “Cette approche est basée sur notre conviction que les actions américaines sont surévaluées”, justifie Juan Nevado.

Enfin, Carmignac est lui aussi un fervent utilisateur de produits dérivés. “Notre connaissance des produits dérivés nous permet de couvrir le portefeuille de manière efficace. Cette assurance a un coût, mais elle contribue grandement au rendement lorsque les risques que nous avons identifiés se matérialisent”, expliquent les gestionnaires Rose Ouhba et David Older.

3. Garder du cash

Une arme traditionnelle qui assure la flexibilité est le pourcentage de liquidités conservées dans le fonds. En gardant du cash durant les périodes risquées, le gestionnaire se réserve l’opportunité de profiter de reculs boursiers pour acheter des actions. Pour plusieurs fonds, le pourcentage de cash est exceptionnellement élevé. On trouve également des titres de créance à court terme.

Banque de Luxembourg remporte la palme avec 30% de cash. Flossbach affiche lui aussi un pourcentage élevé. “Fin août, nous étions en cash à hauteur de 18%, ce qui reflète les incertitudes qui pèsent sur la Bourse. Cela nous permet de réagir rapidement en cas de correction boursière”, explique le gestionnaire. Le fonds de Morgan Stanley se situe à un niveau comparable (19%). En réalité, les taux bas font également partie des facteurs qui poussent les fonds à conserver beaucoup de liquidités. Les obligations à long terme rapportent aujourd’hui à peine plus, voire moins que le cash.

4. Miser sur l’or 

Une autre manière de rester flexible consiste à élargir l’arsenal à d’autres actifs. Par exemple, certains fonds détiennent aujourd’hui une participation importante en or. Banque de Luxembourg investit ainsi 16% dans des actions liées à l’or et Flossbach von Storch 9%. “Nous considérons l’or comme une protection contre les risques connus et inconnus du système financier”, explique Bert Flossbach. Banque de Luxembourg considère également l’or comme une protection contre l’inflation et les risques géopolitiques.

AXA, quant à elle, s’est tournée vers les obligations liées à l’inflation. “Nous y voyons des signes de reprise après l’important recul des dernières années. Nous avons surtout pris des positions dans la zone euro, où l’écart de valorisation est le plus profond”, peut-on entendre. Les obligations de marchés émergents sont également examinées. “Un cessez-le-feu dans la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis et les mesures de relance de la Chine pour prévenir une baisse de la croissance sont positifs pour le différentiel de taux entre les obligations de marchés émergents et les obligations souveraines”, estime Erwan Page.

5. Choisir des gestionnaires flexibles

On peut aussi obtenir une certaine diversification en investissant dans plusieurs gestionnaires de fonds flexibles. Moorea Flexible Allocation, proposé par ABN Amro Private Banking, et Private Invest Best Managers, de Deutsche Bank, appliquent cette philosophie. On parle donc ici de fonds de fonds.

“Chez Moorea Flexible Allocation, nous nous intéressons davantage à la sélection de gestionnaires qu’à la répartition des actifs. Nous prenons en compte le momentum: nous ne vendons pas les gestionnaires ayant affiché de bons résultats au cours des dernières semaines et nous renforçons même nos positions”, explique Peter Bossaer. Fin août, Moorea Flexible Allocation était investi à hauteur de 46,5% en actions. “Ces dernières semaines, nous avons réduit notre position auprès d’un gestionnaire dynamique qui investissait principalement en actions, à cause de ses mauvais résultats cette année. En basculant vers des fonds plus dynamiques, nous pouvons mieux miser sur la volatilité du marché”, ajoute Peter Bossaer.

Le fonds Private Invest Best Managers de Deutsche Bank laisse les gestionnaires sous-jacents faire leur travail. “Nous sommes comme un coach sportif. Nous choisissons les joueurs qui seront sur le terrain, mais ce sont eux qui font le jeu”, explique Knut Huys. Fin août, le fonds était investi à hauteur de 44,2% en actions. Pour Knut Huys, l’avantage, c’est que le pourcentage d’actions du fonds coupole fluctue moins violemment. “Depuis la création du fonds en 2010, la part des actions a oscillé entre 25 et 53% du portefeuille. Il est possible de la réduire quand les marchés sont particulièrement mauvais, mais il est difficile de dépasser 60% vu que plusieurs gestionnaires investissent au maximum 35 ou 50% en actions”, poursuit Knut Huys. L’avantage des fonds de fonds est leur grande diversification et la possibilité de combiner différentes stratégies.

Cet article a été produite avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés.